Le SARS-CoV-2 a été fabriqué en laboratoire à partir du VIH. Vraiment ?


Dans un podcast paru en avril 2020, le professeur Luc Montagnier affirmait que le SARS-CoV-2 a été fabriqué en laboratoire à partir du virus du sida. Une affirmation aussi farfelue qu’invraisemblable. Lorsque l'on affirme une chose, il faut être en mesure de le prouver. Et ce peu importe qui on est et ce qu'on a pu accomplir par le passé. En science, il faut apporter des arguments/preuves et pas seulement des affirmations. Or Luc Montagnier n'a donné aucune preuve. Par contre on peut démontrer facilement le contraire de ce qu'il affirme en appliquant une méthode simple qui est le raisonnement par l'absurde. Disons que si le virus du SARS-CoV-2 contient effectivement un insert du VIH dans son génome, cela signifie que cet insert codera pour une protéine du VIH.

Rappelons les bases de la biologie moléculaire. Le génome est constitué d'un enchaînement de 4 nucléotides : Adénine A, Guanine G, Thymine T et Cytosine C. L'enchaînement de ces nucléotides représente ce qu’on appelle la séquence. La protéine est l'expression d'un gène. Une protéine est constituée d'un enchaînement d'acides aminés protéinogènes standards qui sont au nombre de 20. Pour coder un acide aminé, il faut 3 nucléotides que l'on appelle un codon (exemple: ACG). Une protéine étant constituée d'une centaine d'acides aminés, il faudra un enchaînement de 300 nucléotides pour coder cette protéine.

Les génomes complets du SARS-CoV-2 ainsi que celui du VIH sont disponibles sur les bases de données en ligne gratuitement à l'adresse suivante : HIV genome - Genome - NCBI

Revenons maintenant à la démonstration. Si l'affirmation de Luc Montagnier devait s’avérer juste, il serait alors possible de retrouver un enchaînement de nucléotides présents dans le VIH de plus de 300 nucléotides. Nous n'allons pas comparer les deux séquences à la main mais réaliser un alignement de séquence avec un outil qu’on appelle "BLAST" à l'adresse suivante : Needleman-Wunsch alignment of two nucleotide sequences. Après avoir copié/collé les fichiers FASTA des deux génomes, il suffit de cliquer sur BLAST. Voyons le résultat :


Nous voyons tout au long des deux séquences alignées de très courts alignements de quelques nucléotides disséminés tout au long de la séquence. Cela ne peut donc pas coder pour une protéine dont on attend un alignement LOCAL de 300 nucléotides ou plus. Pas convaincu ? J'ai réalisé un alignement où j'ai inséré sur le fichier FASTA du génome du SARS-COV-2 une séquence quasiment identique à celle-ci. Et le résultat n'est pas le même :


Il s'agit d'un alignement de ce type là. Or l'alignement réalisé avec les deux séquences SARS-CoV-2 et HIV-1 ne donne pas du tout ce résultat. On peut donc conclure que l'affirmation est fausse car un alignement de quelques bases se retrouve pour n'importe quel alignement de séquence. Cela est simplement dû au hasard. Le virus SARS-CoV-2 n'a donc pas été fabriqué en laboratoire à partir du génome du VIH. Pour vous donner une image, c'est comme si le génome du SARS-CoV-2 racontait une histoire d'amour, et que l'insert racontait en plein milieu... Un match de football. Tout le monde verrait que cela n'a rien à faire ici. Pour l'insertion d'une partie du génome de HIV, c'est pareil. Ça serait vu comme le nez au milieu de la figure.


06 mai 2022




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