Histoire de la Science : Origines et évolution de la connaissance scientifique, de l'Antiquité au Moyen-Age


Introduction :
Qu’est-ce que la Science ? Le mot Science vient du latin "scientia" qui veut dire savoir. Dans le dictionnaire le Robert, la Science est un ensemble de corps de connaissance ayant un objectif déterminé et une méthode propre. Il n’y a donc pas une Science mais plusieurs sciences en passant des mathématiques à la biologie, jusqu'à la physique quantique. "Histoire de la Science" sera développé en 3 articles, dans lesquels nous aborderons trois chapitres de l'Histoire (de l'Antiquité au Moyen-Age, Renaissance et Révolution scientifique, la crise du Temps et l’émergence de la théorie de la Relativité).




Partie 1 : Les origines de la Science

Les besoins essentiels de l’Homme ancestral sont :
• Se nourrir
• Se reproduire
Les besoins existentiels, l’Homme se pose les questions suivantes : d’où vient-on ? Que devient-on après la mort ? La magie est-elle à l’origine de la Science ? Elle cherche à comprendre la Nature, elle est donc l’ancêtre de la Science.
La "Science" commença à émerger il y a environ 10 000 ans lorsque l’homme commença à cataloguer plantes et animaux, à décrire et observer le mouvement de la Lune. Et il a bien fallut compter... Ce fut la naissance des mathématiques.




Partie 2 : L'évolution de la connaissance scientifique

1) La Science dans l'Antiquité

A) L’Egypte et la Mésopotamie, premières grandes civilisations de l’antiquité : Entre 4000 et 3000 ans avant J.C apparurent les premières villes et les premiers états organisés. La science en Mésopotamie (-3000 – 1000 av JC), les sumériens donne naissance à l’écriture qui est essentielle pour préserver et transmettre la connaissance. Les Babyloniens qui sont les fondateurs de l’algèbre et du développement de l’astronomie, sont également associés à l’astrologie et à la religion.
La civilisation égyptienne a connu 30 dynasties de pharaons avec deux grandes périodes :
• L’inondation annuelle du Nil, a était le fondement de la vie égyptienne, à partir de là toute une civilisation fut développée et régna pendant 2500 ans.
• L’ancien empire, l’époque des Grandes Pyramides est la plus féconde techniquement.

Mais les Egyptiens étaient surtout des hommes pratiques. En mathématiques, ils se limitaient à l’arithmétique pour compter. En astronomie, ils faisaient des observations célestes pour déterminer le temps. Ils inventèrent le calendrier le plus évolué des temps anciens et pouvaient prédire l’inondation annuelle du Nil qui coïncidait avec l’apparition avant l’aube de Sirius, l’étoile la plus brillante du ciel.


B) La science grecque : "Tout ce qui existe dans l’univers est le fruit du hasard et de la nécessité" Démocrite.
Le caractère de la science grecque : Le goût de la philosophie spéculative et de la géométrie. Cherche à comprendre les phénomènes en les insérant dans un système, en utilisant un raisonnement logique mais en général très spéculatif. Des bons observateurs mais ils ne firent pratiquement pas d’expériences.



Période présocratique :
• L’école ionienne : On désigne sous le nom d'école ionienne un groupe de philosophes grecs d'origine ionienne pour la plupart, qui spéculèrent sur les premiers principes des choses, pendant les Vème et VIème siècles av JC. Voici quelques noms célèbres :
-Pythagore de Samos, le plus célèbre philosophe de l’Ecole ionienne. Il était à la fois un chef religieux et un homme de sciences. Il livrait ses enseignements en public et n’a jamais rien écrit. Ses disciples, appelés Pythagoriciens, devaient se livrer à des exercices d’ascétisme. A Croton, il fonda une académie éthico-politico-philosophique, suivit par de nombreux disciples soumis à une discipline très stricte. Il administra aussi la ville, mais avec une telle rigueur que les habitants se révoltèrent et il s’exila à Métaponte, où il mourut.
-Thalès de Milet, philosophe, mathématicien, astronome, politicien et homme d’affaire. Fondateur de l’école de Milet, Thalès fut le premier à avoir l’approche "scientifique" qui caractérisa la science grecque : Donner des explications naturelles et essayer de déduire à partir des observation les théories sous-jacentes.
-Héraclite, et d’autres.

• L’école éléatique : Dont la pensée s'intéresse à la métaphysique, est fondée par Xénophane de Colophon à Élée. Leurs idées défendaient la théorie des 4 éléments premiers de toutes les choses matérielles : La terre, l’eau, l’air, et le feu.

• L’école des Atomistes : Formulée par Leucippe, et développée par son disciple : Démocrite. Défendent l'existence des atomes comme éléments constitutifs de la matière. La Théorie atomiste : la matière est faite de particules éternelles et indivisibles appelées atomes, "ainsi, des dispositions et combinaisons d’atomes différentes produisent tous les matériaux divers". Une thèse matérialiste à l’opposé des explications religieuses de l’Univers. Mais elle n’a pas d’influence par la suite.


Période classique :
• Socrate, le plus grand des philosophes grecs, fondateur de la dialectique, une méthode de discussion basée sur des règles de logiques. Socrate est le fils d’une sage-femme et d’un sculpteur, il se consacre essentiellement à la philosophie. Il discute avec ses concitoyens en déambulant sur l’Agora à Athènes. Il appellera sa pédagogie la maïeutique, l’art d’accoucher les esprits. Il prétend ne rien savoir : "tout ce que je sais, c’est je ne sais rien". Il est le fondateur de la rationalité et de la philosophie. Il sera condamné à mort par le tribunal démocratique d’Athènes, pour incroyance et corruption de la jeunesse. Il aurait pu échapper à la mort mais il préfèra mourir par respect pour les lois qu’il aime et accepte.

• Platon, d’origine aristocratique, fut un élève très proche de Socrate. C’est lui qui nous a relayé dans ses écrits la pensée Socratique. Vers 388 av JC il fonde l’Académie, sur un terrain au-delà des portes d’Athènes sur la tombe d’Acadèmos, héros légendaire. Elle fut fermée en 529 ap JC, sur ordre de Justinien, l’empereur byzantin. L’Académie vécut quelques 900 ans.
La philosophie de Platon est basée sur sa Théorie des Idées : "tout ce que nous observons grâce à nos sens n’est qu’apparence" donc "la réalité ne peut être découverte que par la contemplation ou la révélation". Ceci sera la pierre angulaire de la pensée chrétienne.

• Aristote, né à Stagire en Macédoine. Orphelin à 11 ans, il entra à l’Académie de Platon à l'âge de 17 ans, où il restera 20 ans. Il finira par rejeter les idées de Platon. Il dira : "Ami de Platon, mais encore plus de la vérité". A la mort de Platon, Aristote s’installe à Lesbos, en Ionie. Il demeura 3 ans, puis fut invité par le roi Philippe de Macédoine pour venir à Pella et être le précepteur d’Alexandre le Grand, âgé de 13 ans.
En 335 av JC, Alexandre monta sur le trône et Aristote retourna à Athènes. A Athènes il s’installa dans un verger, autrefois dédié à Apollon et fonda le Lycée. Aristote faisait ses leçons en se promenant : Ses élèves philosophes s’appellent "péripatéticiens" (du grec peripatetikós, se promener). Aristote resta 30 années au Lycée, financé par Alexandre. Mais à la mort d’Alexandre en 323 av JC, Aristote fut accusé d’athéisme et il se réfugia à Chalcis, où il mourut quelques mois plus tard.

Comment est-connu l’œuvre d’Aristote ? Il ne reste que 31 traités : Des notes de cours ou d’écrits destinés au public du Lycée. Ces "notes de cours" furent rassemblées et éditées par Andronicos de Rhodes, un élève du Lycée vers –60 av JC. De nombreux auteurs philosophes vont ensuite étudier et commenter ses œuvres.
Pour Aristote, c’est l’observation qui est la source de la Connaissance, ce qui est l’opposé de Platon.
Les 4 éléments d’Aristote : Il reprend la théorie des 4 éléments d’Empédocle, tous les aspects d’une substance première. Quatre qualités fondamentales (le chaud, le froid, le sec, et l’humide) agissent sur la matière première par combinaisons non contraires pour donner les 4 éléments :
• Eau : Froid et humide
• Air : Chaud et humide
• Terre : Froid et sec
• Feu : Chaud et sec
Les éléments peuvent se transformer l’un dans l’autre, de manière cyclique.

Il théorisait également que la Terre était une sphère qu’il plaçait au centre de l’Univers. Celui-ci est limité par la Sphère des Fixes. Au-delà c’est le néant. Le monde Supralunaire est immuable : On a toujours vue les mêmes étoiles et planètes depuis des millénaires. Le changement est limité au monde Sublunaire, c’est à dire la Terre.


C’est aussi le fondateur des sciences naturelles. Ses travaux portent surtout sur les animaux (exemple d'ouvrage). La botanique fut abordée par son ami Théophraste, qui lui succéda au Lycée. On dit qu’Aristote fut le père de la zoologie et Théophraste le père de la botanique.
Tous les êtres vivants ont une "âme nutritive", les animaux ont aussi une "âme sensitive", les créatures supérieures ont une "âme locomotive" et l’Homme a une "âme rationnelle". La science d’Aristote domina la science occidentale pendant plus de 20 siècles et sera la base de la conception du monde soutenu par l’Eglise jusqu’à la Révolution Scientifique : Une échelle de complexité croissante de la matière inanimée jusqu’à l’homme. Un schéma statique, pas d’évolution. La Classification du vivant selon Aristote servira de prototype pour les classifications qui surgiront au 18ème siècle, plus de 21 siècles après lui.


Pour finir il inspirera la fondation du Musée et de la bibliothèque d’Alexandrie. Alexandre fonda le port d’Alexandrie, mais celui-ci fut terminé par Ptolémée I. Puis Ptolémée I créa le Musée (Temples des Muses) inspiré du Lycée d’Athènes, et la bibliothèque. Ce fut le centre de la culture Hellénistique pendant 500 ans. Le Musée était financé par les Rois grecs et ensuite par les empereurs romains. Ce centre réunissait une centaine de savants qui recevaient un salaire de l’Etat. La bibliothèque d’Alexandrie comptait plusieurs centaines de milliers de volume provenant de toutes les régions du monde grec. Les premiers directeurs du Musée furent Démétrius de Phalère, fondateur de la Bibliothèque, et Straton (élève de Théophraste) qui donna au Musée son orientation scientifique. A la mort de Théophraste (disciple d’Aristote et son successeur au Lycée), Straton retourna à Athènes pour diriger le Lycée.


Période hellénistique :
Enseignants et élèves de l’Ecole d’Alexandrie :
• Euclide : présumé né à Athènes, vécut autour de -300 av JC. Il est recruté par Ptolémée I, il va fonder l’école de mathématique du Musée, à la base de l’enseignement de la géométrie en Occident.

• Archimède : Né à Syracuse, vécut de 287 à 212 av JC. Il vit la majeure partie de sa vie à Syracuse en Sicile, mais il alla étudier à Alexandrie, auprès des successeurs d’Euclide. Archimède est un grand mécanicien. Il aurait mis au point lors d’un voyage en Egypte une méthode permettant aux habitants du bord du Nil d’arroser leurs terrains. Il fut aussi un grand mathématicien, c’est le précurseur du calcul intégral développé ensuite par Newton et Leibniz 2000 ans après...

• Hérophile, fondateur de l’Ecole, et Erasistrate son disciple, posèrent les bases de l’anatomie et de la physiologie dans le monde occidental.
Nous connaissons leurs travaux grâce à Galien, chirurgien grec du IIème siècle ap JC, qui séjourna à Alexandrie. Claude Galien est né à Pergame (Turquie), il séjourna à Alexandrie puis fut appelé à Rome par l’empereur Marc-Aurèle. Il est très influencé par Hippocrate et Aristote, il a laissé un grand nombre d’œuvres écrites consignant l’ensemble des travaux de l’école de Médecine d’Alexandrie et rapportant ses propres travaux.

• Aristarque de Samos : Ce fut l’élève de Straton (lui-même élève de Théophraste) directeur du Musée. Aristarque fut le premier à proposer une théorie héliocentrique précise, mais sa théorie fut rejetée.

• Eratosthène de Cyrène (Lybie) : Géographe et mathématicien. Il vécut l’essentiel de sa vie active à Alexandrie, et fut directeur de la Bibliothèque à partir de 235 av JC. Son traité "Géographie", est le premier ouvrage qui donna à la géographie une base mathématique et considéra la Terre comme un globe. Eratosthène découvrit qu’à Syène au solstice d’été le soleil illuminait le fond du puits, sans aucune ombre portée... Donc le soleil se trouvait juste au-dessus de Syène. D’après le théorème des angles alternes/internes, les deux angles en rouge sur la figure sont égaux :


• Hipparque de Nicée (Turquie) : Née à Ptolemaïs (Egypte) on connait très peu de choses sur lui. Il a vécu la plupart de sa vie à Alexandrie. Un des plus grands astronomes de l’Antiquité. Son œuvre nous est connue à partir de commentaires figurants dans l’Almageste de Ptolémée, écrite trois siècles plus tard. Il dressa la première cartographie des étoiles en Occident, en notant leurs positions et leurs magnitudes apparentes.

• Ptolémée marque la fin de l’immense développement de la science grecque. La science grecque représente le premier grand pas de l’homme occidental pour comprendre le monde naturel, sans intervention des "forces divines". Il conçoit la Terre créée par Dieu pour les hommes, comme le centre de l’Univers. Le Soleil, les planètes et les astres tournent autour en suivant des orbites circulaires. Son oeuvre "Geographike Hyphegesis" aura une influence immense. C’est la première tentative de représenter le monde connu en précisant latitude et longitude de tous les lieux connus.


L’émergence des "Ecoles scientifiques" comme l’Académie et le Musée, permettent un regroupement de "scientifiques" venus de partout dans le monde où l’on discute et propose de nouvelles idées tel qu'Heidelberg, Cambridge, et aujourd’hui Harvard, MIT, etc. Les grands scientifiques sont tous passés par ces écoles et ont eu des maîtres... Mais ils se sont tous aussi "libérés des maîtres" en apportant leurs propres idées.





2) La science de l’Empire Arabe :

La science arabe se réfère à la science écrite en arabe, qui inclut les savants persans, juifs ou chrétiens. La science arabe est un "prolongement" de la science grecque, mais elle ne la remet jamais en question. C’est le respect des anciens ! Deux époques importantes : du VIIIème au IXème siècle autour de Bagdad, et du Xème au XIIème siècle autour de Cordoue.

La science arabe a créé de grands centres du savoir avec la Maison de la Sagesse à Bagdad, la Bibliothèque de Cordoue, et la Maison au Caire.
La Maison de la sagesse a été fondée par le Calife Al-Ma’mum. Elle a un rôle majeur dans la transmission de la science grecque au monde occidental. Lieu de traduction des textes grecs vers l’arabe, beaucoup de traducteurs étaient chrétiens. Elle fut aussi un centre de rencontre pour les savants du monde musulman et en particulier pour les astronomes. Le calife encouragea l’observation de la nature et du ciel, et fit construire un impressionnant observatoire astronomique permanent. La bibliothèque de Cordoue était la plus grande bibliothèque du monde islamique et de l’Europe médiévale, avec plus de 40 000 volumes. Ce sera le foyer culturel le plus brillant du monde islamique et va attirer les "scientifiques occidentaux".
Il y a trois domaines importants dans les sciences arabes : les mathématiques, l’astronomie, la médecine.

Al-Khwarizmi est un mathématicien et astronome perse née en Ouzbékistan et mort à Bagdad. Il est membre de "La Maison de la Sagesse". Dans son ouvrage, il introduit le concept d’équation et le mot algorithme.


L’astronomie arabe se développe, financée par l’Empire. Le pouvoir politique encourage les observations astronomiques dans le but religieux : Déterminer la position de la Mecque pour les prières et les astronomes doivent fixer la fin et le début du ramadan. Il n’y a pas de but scientifique.
Plusieurs grands astronomes arabes, entre le IXème siècle et le XIIIème siècle, reprirent et consolidèrent l’astronomie grecque en se concentrant sur le mouvement des planètes, suivant le système de Ptolémée. Ils ne s’intéressaient qu’aux planètes. Le seul à critiquer et corriger le système de Ptolémée est Al Soufi, le plus grand des astronomes arabes. Il s’intéressa aux étoiles et publia le "Livre des étoiles fixes". Il dessina clairement chaque constellation et donna pour chaque étoile sa position, sa magnitude et sa couleur.
Les arabes contribuèrent à améliorer les instruments d’astronomie. L’astrolabe d’origine grecque, sera l’instrument emblématique de l’astronomie arabe. Il mesure l’altitude des astres et l’azimut, leur position sur l’horizon, angle sur le plan horizontal = par rapport à un point de référence géographique. Cette façon de repérer les astres, altitude et azimut était spécifiquement arabe. Le Cadran solaire venait des indiens et des grecs, mais les musulmans perfectionnèrent la théorie et leur fabrication. On les plaçait au fronton des mosquées pour vérifier l’heure de la prière. Les sphères armillaires, sont des mécanismes sphériques analogiques permettant de déterminer la position des étoiles et du soleil selon les époques de l’année.
Le XIème siècle fut une époque de bouleversement et donc peu propice aux sciences mais l’ordre se rétablit au XIIème siècle. Au XIIème siècle, les contributions capitales de l’astronomie arabes furent accomplies en Espagne et au Maroc, pays islamiques "d’occident". C’est pour cela que les noms des astronomes arabes furent latinisés.

Ibn Rushb, dit Averroès, médecin, astronome, philosophe et théologien, fut cadi, juge religieux à Séville. Astronome, il exerça une influence considérable sur l’astronomie occidentale. Médecin, il devint médecin du Prince Yüsuf qui régna à Marrakech. Il écrivit un manuel complet de médecine pour remplacer celui d’Avicenne, qui n’avait pas de succès en Andalousie. Il traduisit et commenta les oeuvres d’Aristote.

Au-delà du XIIème siècle l’astronomie arabe déclina. Mais au XVème siècle il y eut un sursaut : le "grand prince" Ulugh Beg (1394-1449) fit ériger un célèbre observatoire à Samarcande.

Conclusion sur l'astronomie arabe : Des astronomes célèbres, mais elle "se limita" à perfectionner une science héritée des grecs. Ils suivent le modèle Ptoléméen, qu’ils ne contesteront pas. Ils nous laissent cependant la traduction de l’Almageste (Ptolémée), les noms de plusieurs étoiles, l’amélioration de nombreux instruments et des termes astronomiques (azimut, zénith).


La médecine arabe : Elle prend ses racines dans Galien. Les travaux de Galien furent parmi les premiers textes grecs traduits et commentés à Bagdad. Mais la médecine arabe alla plus loin.

Al-Razi connue sous le nom de Rhazès (né vers 854, mort entre 925-35). Médecin et philosophe Perse. Un des plus éminent et le plus original des médecins musulmans. Considéré par certains comme étant le père de la médecine expérimentale. C’était un philosophe "révolutionnaire" et donc il se heurta à l’islam. Il considérait la religion comme nuisible. Il avait une vision égalitaire de l’Homme : les hommes sont tous égaux et n’ont pas besoin des chefs religieux pour s’occuper de leurs affaires. Il disait "les hommes de sciences, comme Euclide et Hippocrate, sont beaucoup plus important que les chefs religieux". Mais Rhazès était également un critique de la Science, il pensait que la Science devait progresser en permanence contrairement à Aristote qui soutenait que les sommets de la Science avaient été atteint. Et il critiqua aussi les "anciens", en publiant son ouvrage : "Doutes sur Galien".
De son temps il fut un médecin célèbre. Il écrit de nombreux manuels de médecine, en particulier sur la vérole et la rougeole. Mais son rationalisme et ses attaques contre la religion le rendirent finalement très impopulaire. Et il fut fortement critiqué par Avicenne.

Avicenne, est un médecin et philosophe Perse. Influencé par le Coran et par Aristote, il est très traditionaliste : traducteur d’Hippocrate et de Galien, auteur du "Canon de la Médecine", manuel de référence des Ecoles européennes jusqu’au XVIIème siècle. Ses écrits influencèrent la médecine européenne pendant des siècles.

Puis à partir du XIVème siècle, ce sera le déclin de la Science arabe dû en partie aux invasions des mongoles mais aussi au durcissement des religieux qui imposent le respect des auteurs anciens. L’apport scientifique des Arabes à l’Occident transmettent les connaissances grecques qu’ils avaient assimilées.





3) La Science pendant le Moyen-Age occidental :

On considère Le Moyen-Age entre la chute de l’empire romain en 476, et la prise de Constantinople par les turcs en 1453. Décrite comme une époque obscurantiste dominée par la religion. Après la chute de l’empire romain, l’Occident est dominé par les barbares. L’écriture et les connaissances sont complètement perdus... Sauf dans les Eglises et les Monastères qui préservent l’écriture et les manuscrits. L’Eglise préserva les connaissances. Le christianisme a favorisé la naissance et le développement de l’esprit scientifique en Occident. Recherche scientifique et Eglise sont le plus souvent indissociables. L’Église à cette époque était la principale source de découvertes scientifiques et soutint très largement la recherche des savants. Les scientifiques sont le plus souvent des religieux ou liés à des institutions religieuses.

Au XIIème siècle, renaissance du Moyen-Age :
Elle commence après la prise de Tolède par les chrétiens, ce qui permet l’accès à la culture grecque conservée par les arabes. Averroès, le commentateur d’Aristote joua un rôle essentiel dans le transfert des connaissances. Et on traduit de l’arabe toutes les oeuvres scientifiques de l’antiquité.

Au XIIIème siècle, apogée du Moyen-Age :
C’est l’époque des cathédrales, du développement des villes et de l’expansion du commerce. C'est également la naissance des universités. Universitas, en latin médiéval, désigne une communauté, un rassemblement, une union. C’est à cette époque, au XIIIème siècle, que l’Occident prend la relève sur le monde arabe dans le progrès scientifique. En l'an 1500, L’Europe compte environ 50 universités. Chacune d’elle contribue au prestige de sa ville et de son prince, et fournit les lettrés qui administrent l’Etat.

Les premières universités d’Europe :
• 1088 : Université de Bologne.
• 1117 : Université de Parme.
• 1175 : Université de Modène.
• 1215 : Université de Paris... Supprimée à la Révolution.
• 1285 : Université de Montpellier... Supprimée à la Révolution.

L’Université de Paris, fondée en 1215, devint une des plus importante de l’Occident, surtout en matière de Théologie où son autorité égalait celle du Pape. L’Université est installée sur la rive gauche. Ce sera le quartier latin, en raison de la langue parlée par les universitaires. Elle sera fermée à la Révolution française.

L’université médiévale, c’est une école relevant d’une cathédrale ou d’un monastère qui reçoit une charte du pape lui conférant l’autonomie par rapport aux autorités locales. Les enseignants sont des ecclésiastiques franciscains ou dominicains. Une part importante des étudiants se destinent aussi à la prêtrise. L’Université compte quatre facultés : Les Arts, le Droit, la Médecine et la Théologie. L’étudiant entre vers l’âge de 14 ans, pour y faire un baccalauréat des Arts, une maîtrise (2 à 3 ans), un doctorat. En Théologie, où les études sont les plus longues, la formation dure 10 ans. Dans les universités on enseigne la scholastique, en latin schola "école". C’est la Philosophie enseignée dans les "Ecoles" à partir du XIIIème siècle. Elle vise à concilier la philosophie grecque et Aristote, avec la théologie chrétienne.

Quelle était l’attitude de la religion chrétienne à l’égard des sciences ? Les chrétiens se divisèrent en deux camps : D’une part il fallait suivre les écritures "telles qu’elles". De l’autre il fallait étudier l’oeuvre de Dieu grâce à la Science.

St Augustin (354-430), né à Thagaste (en Algérie) sous l’empire romain. Ce fut un personnage très important qui aborda le conflit Foi-Raison. Pour St Augustin, la Science avait un rôle à jouer dans la religion chrétienne. Il distingue Foi et Science. Il mettait en garde contre l’interprétation littérale des Saintes Ecritures : "Il ne faut pas chercher dans les Ecritures une réponse aux questions matérielles, mais seulement aux questions spirituelles".
St Augustin ne fit pas de science, mais il marqua une étape importante puisqu’il propose que la Science soit importante dans la recherche de la connaissance.

Saint Albert le Grand, dit le Docteur Universel né vers 1200 en Bavière, mort en 1280 à Cologne. Prêtre dominicain et évêque de Ratisbonne, il étudia à l’Université de Padoue et rentre dans l’ordre des Dominicains. Il enseigne la Théologie d’abord à Cologne, puis à l’Université de Paris, où il intègre la "Chaire pour les Etrangers". 7 ans plus tard il rentre à Cologne et fonde son "Ecole Supérieure".
Bien que religieux, il fut surtout un enseignant et un homme de science. Il est le principal acteur de l’introduction d’Aristote dans les Universités européennes. Doté d'un esprit ouvert, partisan de l’observation et d'un regard critique sur Aristote.

Le Moyen Age fut dominé par la pensée d’Aristote et de Ptolémée. Aristote et les grecs arrivèrent en Occident à partir du XIIème siècle, après la traduction de leurs oeuvres par Averroès et autres érudits. Toutefois cette version de l'histoire reste à relativiser, car Théodulf d'Orléans commentait la logique d'Aristote dès le VIIIème siècle, soit avant la première Maison de la Sagesse.

Toutefois la philosophie d’Aristote était en désaccord avec les Ecritures. Et l’Eglise avait du mal à accepter la doctrine d’Aristote. De ce fait l’enseignement de sa philosophie à l’Université de Paris fut interdite. C'est ici qu’apparut Saint Thomas d’Aquin, le fondateur du Thomisme, qui fit la synthèse entre l’aristotélisme et la pensée chrétienne. La question clé était celle de la création du monde. Aristote prétend que le monde est éternel, qu’il n’a jamais eu de début et qu’il n’aura pas de fin. Ceci contredit la création du monde selon les Ecritures. Thomas d’Aquin fut prudent. Il enseigna que "la seule raison ne pouvait décider si le monde avait été ou n’avait pas été créé à un moment donné."

A Paris Thomas d’Aquin se rangea du côté de la raison et s’opposa à l’idée du savoir apporté par une illumination divine : "Concernant la Science, les grecs révélaient le monde crée par Dieu. Concernant le Salut, l’Eglise et les Ecritures étaient les autorités révélatrices".
Thomas d’Aquin rentre en Italie (1272-1273) où il fonda un Studium dominicain près de l’Université. C’est là qu’il fit la synthèse de la théologie chrétienne avec la philosophie d’Aristote "adaptée". Ceci fut connu sous le nom de Thomisme.

Le Thomisme : On peut accepter partiellement le système aristotélicien, ses éléments compatibles avec la doctrine chrétienne, et ainsi appuyer le dogme catholique sur la méthode d’Aristote. La philosophie du Thomisme est alors ouverte aux avancées scientifiques et philosophiques. Pourtant le Thomisme ne fut pas accepté par l’Eglise. Bien plus tard l’Eglise reconsidéra sa position et sous le règne du Pape Léon XIII au XIXème siècle, le Thomisme devint la philosophie officielle de l’Eglise.

En résumé,
Le Moyen Age vit la renaissance du savoir des grecs avec une pensée dominante de Ptolémée et Aristote. La Science en fin du Moyen Age se concentra sur les sciences physiques, un domaine où il était possible d’exercer la précision de la pensée et où il était possible de spéculer, ce qui était difficile dans d’autres domaines. De fait c’est dans ce domaine que nous verrons d’abord l’émergence de la Science moderne, dans une grande mesure issue des érudits de la fin du Moyen Age. Ce travail fut poursuivi pendant la Renaissance et jusqu’à l’époque de la Révolution Scientifique. Mais patience ! Nous aborderons ce sujet dans un prochain article.


07 mai 2022




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